Le jour tant attendu par Adji Sarr et ses conseils est venu. Devant le Doyen des juges d’instruction, la masseuse fera face aujourd’hui à Ousmane Sonko qu’elle a accusé de «viol et de menaces de mort». Les faits se seraient produit dans le salon de massage, «Sweet Beauty», où la demoiselle travaillait.
Le dossier Ousmane Sonko et Adji Sarr va franchir une nouvelle étape aujourd’hui avec la confrontation entre les deux parties devant le Doyen des juges d’instruction, Oumar Maham Diallo. Après leur audition séparée, ils seront entendus à nouveau dans cette affaire qui tient le pays en haleine depuis plus d’une année. Le magistrat-instructeur va ouvrir un débat contradictoire en présence de leurs avocats respectifs. Un moment pour les conseillers de poser les questions, soit à Ousmane Sonko, soit à Adji Sarr. Avec toute la tension qui entoure ce dossier, il faudra s’attendre à des incidents entre la partie civile et la défense. Le jour de tous les dangers, diraient certains. Il s’agit d’un moment privilégié pour Adji Sarr d’asseoir ses accusations contre le leader du parti Pastef. Mais aussi une occasion pour Sonko de tout nier comme il l’a toujours fait.
Beaucoup se demandent comment le principal opposant au régime du Président Macky Sall, qui n’a jamais prononcé le nom de son accusatrice, va-t-il se comporter ce mardi ? Gardera-t-il le silence ? Se défoulera-t-il sur Adji Sarr et le régime de Macky Sall qu’il a toujours accusé d’avoir ourdi « un complot » contre sa personne ? Voilà, entre autres, les questions que de nombreux Sénégalais se posent actuellement. À la fin de la journée, les débats, qui auront lieu entre quatre murs, vont sûrement éclairer la lanterne des citoyens. Cette confrontation constitue la dernière étape de l’enquête. Après, le Doyen des juges d’instruction va décider s’il doit décerner un non-lieu ou renvoyer les deux parties en procès en fonction des éléments en sa possession.
La défense n’entend pas aller en jugement. «Ousmane Sonko a été entendu pendant au moins trois tours d’horloge. Il a répondu à toutes les questions posées par le Doyen des juges. Il a, comme vous l’imaginez d’ailleurs, contesté les faits et a démonté l’accusation. Il a fourni toutes les preuves de son innocence », avait déclaré l’un de ses avocats, Me Bamba Cissé, après son audition dans le fond, le 3 novembre dernier. Le conseil du leader de Pastef avait estimé que «le juge d’instruction, Maham Diallo, n’a aujourd’hui aucun moyen de renvoyer l’affaire en jugement». «Donc nous escomptons, rajoute-t-il, un non-lieu total par rapport à ces faits inexistants qui ont été la source d’un plan ourdi par des personnes tapies dans l’ombre, qui ont voulu simplement éliminer un adversaire politique.»
Le mis en cause dans cette affaire, au cours d’une conférence de presse, est revenu aussi sur les minutes de son audition. «Cela aurait pu tenir en 15 minutes», affirmait Ousmane Sonko. «Est-ce que je reconnais avoir fréquenté les lieux ? J’ai dit oui», dit-il. «A quelle date ? Je ne sais pas.» «Avez-vous entretenu des relations ?» Ce sont là, entre autres, les questions que le juge d’instruction lui aurait posées, selon ses dires. «Je lui ai dit : ‘’Je ne vous permets pas de me poser de telles questions. Je ne vous permets pas, vu mon statut.
J’ambitionne dans 16 mois d’être président de la République du Sénégal, je ne vous permets pas, Monsieur le juge, de me poser ce genre de questions’’», a rapporté Ousmane Sonko face aux journalistes. Il a aussi révélé avoir refusé la demande de Maham Diallo de faire des prélèvements pour un test Adn. «Vous n’avez aucune preuve, vous voulez que je donne mon sang à des comploteurs ? Mon sang, vous ne l’aurez jamais », déclare Sonko à propos de la requête du juge Diallo. Il avait dans la foulée annoncé une plainte contre l’ancien procureur, Serigne Bassirou Guèye, qui aurait, selon lui, falsifier le rapport d’enquête de la gendarmerie sur cette affaire.
C’est en février 2021 que la jeune masseuse Adji Sarr a porté plainte contre Ousmane Sonko pour «viol» et «menaces de mort». En mars 2021, lors de son audition avortée par l’ex-Doyen des juges, le défunt Samba Sall, il y a eu une quinzaine de morts lors des affrontements entre Forces de l’ordre et manifestants. Parce que SOnko avait été arrêté pour «troubles à l’ordre public » et placé en garde à vue alors qu’il se rendait au Tribunal pour déférer à la convocation du juge Sall. Une arrestation qui avait mis le feu aux poudres.