Assemblée – Une députée passée à tabac par ses collègues : Claques de fin…

Aliou Dieng
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Frappée à l’Assemblée nationale, la députée Amy Ndiaye Gniby a été évacuée à l’hôpital Principal de Dakar. Cet acte écorne l’image de l’Assemblée nationale, qui a du mal à opérer une rupture.

On a joué de manière dramatique les prolongations de l’incident qui avait provoqué la suspension du vote du budget du ministre de l’Intérieur lundi. La députée, Amy Ndiaye Gniby, qui avait refusé de présenter ses excuses à Serigne Mous­tapha Sy, était dans le viseur des députés du Pur, qui ruminaient toujours leur colère. Hier, ça a dégénéré à l’As­semblée nationale pendant le vote du budget du ministre de la Justice.

C’est le député Massata Samb qui a administré une gifle retentissante à la députée de Benno bokk yaakaar. Le parlementaire, issu du Pur, a demandé, à l’instar de ceux qui l’ont précédé au parloir, à savoir Sanou Dione, Guy Marius Sagna, au président de l’Assemblée nationale de rappeler à l’ordre les députés de la Coalition Benno bokk yaakaar, qui perturberaient la séance. Au pupitre, il a soutenu qu’il y a une députée qui a tenu des propos discourtois sur le guide des Moustarchidines. La dame Awa Ndiaye Gniby, qui se sentait indexée, a répliqué en wolof en disant : « Ma tayy (j’assume.).»

Massata Samb a mal pris cette réponse. Puis, il a réagi énergiquement : «Ah bon !» Il quitte le pupitre pour venir vers elle. Il lui administre une gifle retentissante. C’est l’acte de trop. Après cette claque, la députée reçoit un coup au niveau du ventre venat de son collègue de Yaw, Mamadou Niang. Elle s’effondre puis pique une crise. Elle est ensuite évacuée à l’hôpital Principal de Dakar pour les premiers soins. Selon des confidences de députés, Mme Ndiaye serait enceinte, donnant à cet acte une tournure encore plus dramatique.

L’Hémicycle est sens dessus dessous. « C’est un précédent très dangereux », tempête le député Thierno Alassane Sall. « Nous sommes dans une situation déplorable qui détruit totalement l’image du Sénégal. Pendant que les Lions font des prouesses et essaient de vendre une image positive du Sénégal, chaque jour, depuis le 12 septembre, l’Assemblée est le lieu où on utilise les plus vilaines insultes et injures. Ce n’est pas dans les arènes de lutte, ce n’est pas dans les rues, c’est à l’Assemblée nationale qu’on collecte le plus d’injures et de toutes parts. Il y en a qui sont plus en vue que d’autres.» Passablement agacé par cette scène, il poursuit : «Moi, je fais l’objet d’insultes de temps en temps. 

Ce n’est pas la dimension personnelle qui importe. On doit s’élever au-dessus de nos propres personnes et essayer de faire preuve de dépassement, de penser à la République, aux enfants qui nous regardent, au monde qui nous regarde, au lieu de donner une image désastreuse. Tous les pays africains, qui ont été dans cette situation, avec une auguste assemblée qui se met dans la boue, après, c’est l’Armée. Si nous ne sommes pas capables nous civils de régler nos problèmes, de trouver des consensus, d’observer les règles de fonctionnement d’une démocratie et d’observer les règles de conduite, c’est l’Armée. Je ne vois pas pourquoi on veut seulement demander à l’Armée d’être sérieuse, rigoureuse, aux gens d’observer les règles, et on fait ce qu’on veut. Il faut que cela s’arrête avant que cela ne soit trop tard.» Pour lui, les institutions ne sont plus respectées et honorées dans ce pays. « On entend du tout maintenant, on insulte même les institutions étatiques. 

On traite le Président de menteur, le Premier ministre de menteur à tout moment. De l’autre côté, on s’en prend aussi à de hautes personnalités de l’Etat », déplore TAS, qui invite ses collègues à s’abstenir de convoquer les chefs religieux dans les débats politiques à l’Assemblée nationale. « Il faut qu’on arrête de convoquer des chefs religieux dans les débats politiques si on veut les protéger. Il faut que la sérénité revienne de tous les côtés, sinon je ne vois pas pourquoi les jeunes qui sont dans la rue doivent se comporter mieux que nous. Je ne vois pas pourquoi l’Armée doit se comporter mieux que nous », se demande-t-il.

Évidemment, les députés de la majorité n’ont pas aussi apprécié le geste de Massata Samb. « Il y a la violence faite aux femmes à l’Assemblée nationale et devant le ministre de la Justice », se désole Racky Diallo, qui trouve qu’un homme religieux de ne doit pas se mêler à la politique au risque de subir un traitement politiquement. « Si un homme religieux parle de politique, on lui répond par la politique », assène-t-elle. Des propos qui ne sont pas du goût des députés de l’opposition qui ont pris d’assaut le pupitre. Cet acte a poussé le président de l’Assemblée nationale à suspendre à nouveau la séance, qui a repris quelques minutes plus tard… 

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