Ceux qui s’attendaient à des révélations explosives, lors de la confrontation Adji Sarr et Ousmane Sonko, ont déchanté. Les deux parties se sont emmurées dans le silence. Aucune d’entre elles n’a voulu répondre aux questions de son vis-à-vis. Les avocats d’Ousmane Sonko plaident pour un non-lieu, « faute de preuves de viol », tandis que ceux d’Adji Sarr estiment qu’il n’y a pas eu de confrontation.
«Il n’a pas eu le culot de m’adresser la parole dommage », lâche Adji Sarr, l’accusatrice de Ousmane Sonko, à sa sortie de la confrontation hier un peu après 20 heures à la suite d’une longue journée. Dans sa robe de couleur rouge, l’ex-jeune masseuse au salon «Sweet Beauty», venue vers 11 heures et ressorti du Palais de justice Lat Dior de Dakar en compagnie de ses avocats, Mes El Hadji Diouf et Abdou Dialy Kane. Mais aussi de Gabrielle Kane, la féministe, qui assure sa défense dans les médias. En face, une horde de journalistes dans le noir se bat pour avoir la moindre information. Ils seront suivis par les conseillers de la défense. «Elle a toujours dit qu’elle n’attendait que ce jour-là et aujourd’hui, elle est venue sans aucun élément. À partir de ce moment, il n’y aucune suite à donner à cette affaire-là et que le non-lieu s’impose », laisse entendre Me Bamba Cissé, avocat du leader du parti Pastef. Il poursuit : « On s’attendait aujourd’hui à ce que cette dame, qui accuse Ousmane Sonko de viol, vienne avec tous les éléments, qu’elle produise la preuve du viol qu’elle a argué depuis le début. Tandis que Ousmane Sonko a toujours estimé qu’il était victime de complot et en a rapporté la preuve.»
L’audience de confrontation était pour la défense, une occasion d’interroger la partie civile sur les éléments de preuve dont elle dispose. Malheureusement, dit-Me Cissé, « à notre grande surprise, cette dame n’a produit aucun élément. Mieux, elle s’est retranchée et barricadée derrière un silence abyssal qu’on n’a pas compris, puisqu’on pensait qu’elle serait d’attaque ». Parce que de l’autre côté, ajoute le conseiller de Ousmane Sonko, « que ce soit du côté du procureur de la République ou de la partie accusatrice, aucune once d’élément n’a été versée au dossier pour montrer qu’il y a eu viol ou qu’il y a un rapport sexuel quelconque entre deux adultes dans cette affaire ». En outre, il informe que son client a répondu à toutes les questions du juge en affirmant, selon lui, sa position de principe vis-à-vis duP qu’il considère comme «un membre actif d’un complot ». L’avocat nous apprend par contre que son client a refusé de répondre aux questions d’un de ses confrères. Il donne les raisons d’une telle attitude de la part de l’accusé. Il rapporte : «Et par souci de délicatesse et de dignité, il ne va pas répondre à quelqu’un qui passe tout son temps à l’injurier dans les médias.»
Toujours à en croire, Me Bamba Cissé, il n’y a eu aucun incident. Ça s’est très bien passé. « Parce que Sonko est resté zen. Il a été calme tout au long de la procédure. Il n’a pas succombé à la provocation », a-t-il expliqué. Relativement à la supposé disparition d’un procès-verbal d’enquête préliminaire qui a circulé, l’avocat a rétabli les faits. D’après lui, aucun procès-verbal n’a été perdu. Il se trouve, dit-il, qu’au cours de l’enregistrement, ça peut arriver, certaines données ont disparu dans le cadre de l’édition, mais cela a pu être reconstitué par le technicien du Palais de justice.
Pour sa part, la partie plaignante considère qu’il n’y a pas eu de face-à-face entre Adji Sarr et Ousmane Sonko dans le bureau du Doyen des juges d’instruction. «Il n’y a pas eu de confrontation parce que M. Sonko a refusé de répondre aux questions du juge, du procureur et des avocats de Adji Sarr », dixit Me El Hadji Diouf. Et d’ajouter : « Quand on a aussi posé des questions à Adji Sarr, elle a répondu au juge et au procureur. Mais elle a refusé aussi de répondre aux avocats de Ousmane Sonko. Donc Ousmane Sonko a faussé complétement l’esprit de la confrontation. Notre cliente a répondu à toutes les questions du juge et du procureur et est à l’aise.»
Il y a eu une forte présence des Forces de l’ordre au Palais de justice et alentours. Toutes les issues étaient barricadées par gendarmes et policiers. Sous leur regard, Adji Sarr s’engouffre dans la voiture et quitte les lieux.
Après cet épisode tant attendu, la décision finale de la poursuite ou non de la procédure va dépendre du Doyen des juges d’instruction en charge de ce brûlant dossier.