Finances publiques : Les recettes et les dépenses en hausse, le déficit se creuse davantage !

Adramé
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Finances publiques : Les recettes et les dépenses en hausse, le déficit se creuse davantage !

Au terme du premier semestre de l’année 2024, les finances publiques sénégalaises présentent un déficit budgétaire qui dépasse les 614 milliards de francs CFA. Ce chiffre, communiqué par la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE), traduit un déséquilibre persistant entre les recettes de l’État et ses dépenses. En dépit des efforts pour accroître les revenus fiscaux et non fiscaux, le fossé entre ce que l’État collecte et ce qu’il dépense continue de s’élargir.

Une hausse notable des recettes

Durant les six premiers mois de l’année, la gestion budgétaire a été marquée par une dynamique positive du côté des recettes. Les ressources mobilisées par l’État se sont élevées à 1 896,3 milliards de francs CFA à fin juin 2024. Ce montant représente une augmentation de 3,1 % par rapport à la même période de l’année précédente. Cette croissance est le fruit d’une meilleure collecte des impôts, de taxes, et autres revenus publics, illustrant les efforts déployés par les autorités pour diversifier et renforcer les sources de financement de l’État. La performance des services de recouvrement, la lutte contre l’évasion fiscale, ainsi que l’amélioration des procédures administratives, ont également contribué à cette augmentation des recettes.

Toutefois, bien que les recettes aient progressé, cette évolution reste insuffisante pour compenser pleinement l’augmentation des dépenses publiques, particulièrement dans un contexte économique où les besoins en investissements et en services publics demeurent importants.

Une augmentation des dépenses qui alourdit le déficit

Du côté des dépenses, la situation reste sous tension. Les dépenses publiques se sont accrues de 2,6 % par rapport à l’année précédente, atteignant un total de 2 513,96 milliards de francs CFA à la fin juin 2024. Cette hausse, bien que modérée, pèse lourdement sur le budget national, en raison des engagements financiers croissants de l’État pour soutenir l’économie et répondre aux besoins sociaux. Les secteurs de l’éducation, de la santé, des infrastructures et de la sécurité figurent parmi les principaux bénéficiaires des dépenses publiques accrues.

L’augmentation des dépenses s’explique en partie par les priorités stratégiques du gouvernement, telles que l’amélioration des infrastructures de base, le renforcement du secteur de l’énergie, et les programmes de soutien social visant à réduire la pauvreté. Par ailleurs, le contexte international, marqué par l’inflation et les pressions sur les marchés des matières premières, a contraint l’État à ajuster certaines dépenses, notamment pour garantir l’approvisionnement en énergie et en produits alimentaires de base.

Un déficit budgétaire qui s’amplifie

Conséquence directe de l’écart entre les recettes et les dépenses, le solde budgétaire s’est creusé davantage, atteignant un déficit de 617,7 milliards de francs CFA à fin juin 2024. Ce chiffre contraste avec le déficit enregistré un an plus tôt, qui s’élevait à 614,5 milliards de francs CFA. Cette détérioration, bien que relativement contenue, montre que l’État doit redoubler d’efforts pour maîtriser ses dépenses et optimiser ses recettes.

Le creusement du déficit budgétaire pose des défis majeurs à l’État, notamment en matière de financement. Un déficit accru signifie souvent un recours plus important à l’endettement pour combler les besoins de financement. Cela pourrait augmenter le poids de la dette publique, un enjeu auquel le gouvernement devra faire face avec précaution, afin d’éviter une spirale de l’endettement qui pourrait nuire à la stabilité macroéconomique du pays.

Perspectives et enjeux

Face à cette situation, le gouvernement est appelé à adopter des mesures rigoureuses pour rétablir l’équilibre budgétaire. Cela pourrait passer par un renforcement des politiques fiscales pour accroître les recettes, tout en veillant à ne pas alourdir la charge fiscale des contribuables. Parallèlement, une réévaluation des priorités en matière de dépenses publiques pourrait permettre d’optimiser les ressources disponibles et de réduire les dépenses non essentielles.

La gestion de ce déficit budgétaire au cours des prochains mois sera déterminante pour la stabilité des finances publiques et la réalisation des objectifs de développement économique et social du Sénégal. L’État devra trouver un équilibre délicat entre la stimulation de l’économie à travers des dépenses publiques nécessaires et la préservation de la soutenabilité de sa dette. La mobilisation de ressources additionnelles, qu’elles soient internes ou externes, devra également s’accompagner d’une gestion prudente et transparente afin de rassurer les investisseurs et les partenaires internationaux.

En conclusion, le premier semestre de 2024 révèle une situation budgétaire complexe pour le Sénégal, marquée par une hausse des recettes, mais aussi des dépenses, conduisant à un creusement du déficit budgétaire. Les autorités devront redoubler d’efforts pour contenir ce déficit, tout en continuant à répondre aux besoins croissants de la population et à stimuler la croissance économique.

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