Dans le cadre du raffermissement des liens de fraternité et de cohabitation, les rois d’Oussouye et du Sine ont initié une caravane de la paix. Pour les Diolas et les Sérères, c’est une façon d’approfondir ces liens de cousinage, qui constituent un ciment social.
Les communautés sérères et diolas veulent accompagner l’Etat dans la promotion de la culture de paix au Sénégal. En prélude à la visite du roi du Sine au roi d’Oussouye, les deux communautés ont mis en place un comité mixte pour mieux raffermir les liens entre les deux petits-fils d’Aguène et Diambogne. Ce week-end, une délégation venue d’Oussouye a été accueillie à Fimela dans la région de Fatick. Cette rencontre, qui a eu pour cadre Adaf Youngar dans le village de Yayem, un haut lieu de la culture sérère, a été une occasion pour ces deux communautés de se pencher sur l’avenir de leurs communautés, mais également du rôle qu’elles peuvent jouer dans le développement du pays. Selon Babacar Diouf, le porte-parole de la communauté sérère, ils ont passé des moments très forts avec leurs cousins diolas. «Nous avons communié ensemble.
C’est une vieille tradition que nous avons perpétuée entre les membres des deux communautés qui sont des cousins. Nous avons trouvé cette relation bien entretenue par nos grands-pères, nous avons continué aujourd’hui à conserver ces liens, mais nous craignons que les enfants ne puissent pas continuer cette œuvre. C’est pourquoi, pour éviter cela, nous avons décidé de mettre sur pied une commission mixte pour se pencher sur la question», souligne Babacar Diouf.
Toutefois, avant la mise sur pied d’un programme, les deux communautés préparent une visite du roi du Sine à Oussouye. «D’abord, le roi du Sine va effectuer une visite à Oussouye pour rencontrer son frère le roi d’Oussouye. Notre roi peut se déplacer et nous savons que celui d’Oussouye ne peut pas le faire, c’est pourquoi nous avons décidé d’un commun accord de préparer cette visite», déclare M. Diouf.
En plus de cela, il a également rappelé que le roi du Sine ne va pas juste faire le voyage et se limiter à la rencontre entre les deux rois. «Mais, nous voulons mieux raffermir les liens entre nos communautés, mais également travailler avec l’Etat sur la question de la paix. Nous l’avons vécue et nous avons été éduqués dans ça. Donc nous disons à l’Etat que la paix qu’il est en train de chercher, nous pouvons l’accompagner et l’aider à l’avoir. Cette paix que l’Etat est en train de chercher dont nous commençons avoir les résultats, nous allons voir comment nous allons accompagner l’Etat pour la conserver», dit-il. Ces deux communautés veulent aussi que l’héritage légué par leurs grands-pères soit bien conservé. «Et nous allons amener nos enfants à s’intéresser à ce legs. Pour y arriver, nous allons constamment organiser ces rencontres entre nous pour mieux réfléchir sur l’économie du pays en se référant aux méthodes que nos ancêtres ont utilisées. Tout ceci constitue des pistes de réflexion entre la délégation qui est venue d’Oussouye et celle du Sine», enchaîne Babacar Diouf.
En écho, Souleymane Diédhiou, chargé de la communication du roi d’Oussouye, s’est également félicité de la tenue de cette première rencontre à Fimela entre les deux communautés pour raffermir le cousinage entre Sérères et Diolas. «L’objectif visé c’est certes la visite du roi du Sine à Oussouye, mais également d’organiser une caravane de la paix entre les deux communautés, mais surtout raffermir les liens de parenté qui sont Aguène et Diambogne», se réjouit le chargé de la communication du roi d’Oussouye. Dans la mythologie diola et sérère, Aguène et Diambogne étaient deux sœurs qui ont pris un jour une pirogue pour traverser le fleuve Gambie. Mais, leur embarcation s’est fendue en deux, provoquant leur séparation. Selon certains historiens, cette légende prend départ à Ndakhonga d’où est partie l’embarcation pour la haute mer avant qu’elle ne se brise en deux. L’une prit la direction du sud, Aguène, la mère des diolas. Et l’autre, celle du nord, Diambogne, la mère des sérères. Une légende qui est aujourd’hui le fondement de l’agréable cousinage entre Diolas et Sérères, ciment d’une cohabitation pacifique entre les deux communautés.